2ème édition du Festival Jazz manouche, Zillisheim (68) - 15/06/2013

La liberté manouche

Le festival de jazz manouche de Zillisheim respire la liberté et le refus des contraintes. La grande foule qui a envahi les lieux samedi et dimanche picorait, selon son gré, un morceau de tarte ou un bout de musique près du stand du luthier où se déroulait un vrai petit festival off.

Avec sa deuxième édition, le festival de jazz manouche de Zillisheima fait la preuve de son succès. Si le président Pierre Heyd devait signaler les retards dans la programmation, c’est sans y trouver à redire : « Après tout, ce que nous voulons, c’est qu’il y ait une fête. » Et la fête était présente avec les gens qui se ruaient à tous les stands, s’arrêtaient aux photos, aux bars, aux tables pour un dessert ou un sandwich. Il n’y avait plus assez de chaises pour garnir la salle polyvalente où se dressait le podium. Plus de 1000 personnes se pressaient autour de la scènepour ne rien perdre de la musique. Un public bon enfant et qui appréciait, même si, immanquablement, on battait les rythmes à contretemps…

Brèves rencontres

Le côté non formel des prestationsétait séduisant : entre les parties du programme, voire quand un concert était déjà lancé, on voyait les musiciens les plus généreux ou les plus enthousiastes monter sur scène pour de brèves rencontres. On pense au guitariste Florent Kirchmeyer qui, avant son beau concert du dimanche, s’est associé au groupe suisse Caravane, pour agrémenter de ses fougueux solos le jeu et le chant de son leader, Andréa Panitz.

Mundo Swing proposait, parmi des morceaux authentiquement manouches, des danses et airs de bals. Il faut saluer le talent de son chef, Pierre Vigneron à la guitare,

et la belle voix d’Annabelle Galland, qui s’exprimait aussi à la contrebasse. Ils ont introduit le grand moment du samedi, un duo savoureux entre deux grands techniciens : Yorgui Loeffler et Stochelo Rosenberg, deux admirables virtuoses appuyés sur la contrebasse de Nous’che, qui ont jouté à merveilles sur la musique de Django.

Djibène, avec Guillaume Singer au violon, a entamé dimanche les propos manouches dans une atmosphère de Hot club de France.

Le Chinois et Djanito, deux inséparables, soutenus par Robert Mérian à la contrebasse, s’amusaient à des airs de bal populaire avec de charmantes finesses de jeu.

En famille

Forent Kirchmeyer, avec le quartet Dépoire et le violoniste Raymond Valli, tous épigones de Mito Loeffler, le défunt parrain de la manifestation, ont joyeusement fait défiler les succès qui leur passaient par la tête. La jolie chanteuse Nathalie B. a interprété un répertoire gitan très personnel qu’elle a su rendre prenant par la douceur de sa voix.

Avec Dorado Schmitt Familia, le festival s’est terminé comme il avait commencé : en rassemblant une famille autour d’une musique qu’elle aime et sait faire partager, simple, forte, témoin réconfortant d’une tradition toujours vivante.

 

Article Alsace 18/06/2013

Jean-Claude Ober

© L'Alsace du 18/06/2013.